Le romancier et peintre Momčilo «Momo» Kapor, un résident de longue date de Belgrade, l'a mieux dit: «In rakija est l'essence de l'être serbe - d'abord la joie, puis la célébration du goût, puis la colère, la compassion, le sentiment que le monde est bon et que tous ceux qui en boivent sont des amis.

Alors que je rendais visite à des amis à Belgrade, je me suis lancé dans une quête pour goûter l’âme de la Serbie. Rakija est une eau-de-vie claire à base de fruits distillés et fermentés. En tant que relativement léger, j'ai enrôlé Luka, le cousin de 26 ans d'un ami, comme mon copain buveur de rakija.

Étudiant à la faculté de géographie de l’Université de Belgrade, Luka venait juste de passer un examen et travaillait sur un tournage publicitaire de six heures pour un médicament contre les maux de tête. Il était prêt pour un verre.

«Chaque maison a une sorte de rakija», m'a dit Luka. «Sans cela, ce n’est pas chez nous. C’est culturel. »

Bouteilles de Rakija à Ambar / Photo par Kristin Vuković

En Serbie, on dit que la rakija parle mille langues. Les Turcs ont introduit le mot rakija dans la région aux XIVe et XVe siècles. Il est dérivé du mot arabe al-rak, qui signifie «goutte de sueur». Des noms similaires (arak, raki, rakia, rakija) existent dans des pays comme l'Iran, la Turquie, l'Albanie, la Bulgarie et des pays faisant partie de l'ex-Yougoslavie.

«Les Serbes traitent la rakija comme un médicament», a déclaré Miodrag Popović, directeur par intérim de l’Organisation du tourisme de Belgrade, en sirotant un verre de prune rakija. «Dans les villages de Serbie, les gens boivent de la rakija avec du café au réveil.»

Tout d'abord, ils prennent une à deux cuillères à café de slatko, un sucre de fruit caramélisé. «Les germes se rassemblent autour de slatko, le café les noircit, puis la rakija les tue tous», a-t-il dit.

Lorsque les enfants ont de la fièvre, de nombreux parents frottent même la rakija sur la poitrine de l’enfant, croyant que cela aidera à faire sortir les températures élevées.

Une ode au riz ivre

«En hiver, lorsque vous avez froid ou que vous avez un rhume, vous faites šumadijski čaj», a déclaré Popović. Une seule portion est faite avec deux parties de rakija, une partie d'eau et une cuillère à café de sucre. Le mélange est réchauffé dans un džezva - un pot en forme de bécher utilisé pour faire du café turc. Popović affirme que la concoction est idéale pour soulager le stress et soulager la dépression.

Traditionnellement, la rakija était utilisée pour célébrer des événements spéciaux. Les gens ont enterré leur rakija maison et l'ont déterrée pour les naissances ou les mariages. Chacun a sa propre recette et chacun pense que son домаћа ракија (rakija maison) est le meilleur.

À la découverte du Brandy

Luka m'a rejoint à ambre dans le quartier branché de Beton Hala, situé dans le quartier de Savamala le long de la rivière Sava. Ambar, qui signifie «grange» en serbe, sert une cuisine traditionnelle des Balkans et possède des avant-postes à Washington, D.C., et à Arlington, en Virginie.

Décoré avec des morceaux de bois de grange de plus de 100 ans, l'emplacement de Belgrade propose plus de 40 variétés différentes de rakija. Le manager, Nenad Simić, a sélectionné quelques-uns de ses favoris personnels pour que nous les essayions.

«Les germes se rassemblent autour de slatko, le café les noircit, puis la rakija les tue tous.

J'ai commencé avec Zlatni Tok, un assemblage de quatre types de distillats de prune âgés de 5 à 12 ans. Pour un spiritueux qui contient généralement un minimum de 40% d'alcool (et souvent beaucoup plus dans les variantes faites maison), le goût était incroyablement doux.

L'abricot, le coing, la poire et la pomme ne sont qu'une poignée de variétés que vous trouverez sur les menus de la ville. Mais le champion incontesté de la rakija est šljivovica, une eau-de-vie de prune serbe. La Serbie est l'un des principaux producteurs de prunes au monde et šljivovica est synonyme d'hospitalité serbe.

«Rakija, connecter les gens», ont plaisanté Luka et Nenad, un riff sur le slogan d'une entreprise technologique bien connue. Nous avons fait tinter des verres et avons dit: «Živeli!»

Pristan Raft Bar / Facebook

Luka et moi avons goûté une poignée de rakijas à Ambar, qui ont tous impressionné. Deux points forts: Magija, une eau-de-vie d'abricot de la célèbre distillerie Zarić, qui avait un arôme intense comme un verger en été, et Destilerija Hubert 1924 Dunja Barrique, eau-de-vie de coing vieillie dans d'anciens fûts de cognac pendant deux ans.

'Klizi', a déclaré Luka, ce qui se traduit par 'il a un bon flux.'

Le šljivovica de production limitée du professeur Radoslav Paunović a été servi dans un verre à cognac. Alors que Luka le faisait tournoyer, il nota: «Vous pouvez le boire comme du lait.

Viennent ensuite deux cocktails innovants à base de rakija créés par le consultant en cocktails Esteban Ordonez. Le «Ambar Colada» était composé de rakija de coing, de lactosérum, de fromage kaymak domestique, de vanille et de sésame noir, tandis que le «Welcome to Belgrade» utilisait un rakija à base de pomme et de cardamome.

Après avoir quitté Ambar, Luka a appelé sa cousine, Siniša, et nous nous sommes arrêtés pour ćevapčići, des saucisses grillées des Balkans qui ont aidé à absorber l'alcool. La nuit précédente, Siniša et sa femme, Ivana, m'avaient emmené Jetée , un splav (radeau bar) situé à proximité du centre de formation de la star du tennis Novak Djokovic. Là, nous avons siroté Manastir Kovilj, une rakija unique produite par des moines.

Menu sur les boîtiers de CD au Rakia Bar Belgrade / Photo par Kristin Vuković

Siniša et Ivana nous ont rejoints avec un autre ami et nous nous sommes assis en plein air à Rakia Bar Belgrade dans le centre ville. Le menu, intelligemment imprimé sur des boîtiers de CD, comportait 54 rakijas, chacun répertorié comme une chanson numérotée.

«Nous n'en buvons généralement pas en été», a déclaré Siniša, alors que nous transpirions ensemble par la chaude nuit de juin. Il a cependant concédé: «Les gens buvaient une à deux doses le matin pour passer la journée.»

Ivana a ajouté que son grand-père, 94 ans, en boit toujours un avant le déjeuner.

Sur le vol Air Serbia de retour à New York (heureusement sans escale après mes aventures à Belgrade), j'ai parcouru le catalogue hors taxes pour passer le temps et suis tombé sur une marque de rakija appelée Fairy Grass, produite par Rakia Bar, et faite de prunes , miel et herbes. Pour 25 $, j'ai acheté la bouteille, rassurée en sachant qu'une fois à la maison, je pouvais encore goûter l'âme de la Serbie à tout moment.