Il y a tellement de morceaux de moi que je dois à mon père. Il était mon héros, mon protecteur, mon inspiration à plusieurs niveaux. Il a mené une vie de voyage à travers son travail et m'a inspiré à faire de même. Presque autant que le fait de voyager lui-même, il aimait boire en chemin. Je me souviens des vins qu'il rapportait de ses voyages de travail, généralement Bordeaux .

Le son d'un bouchon se détachant de sa bouteille me rappellera toujours mon père, tout comme le goût de tout rouge tannique. Je me souviens avoir pris ma première gorgée de vin (ou pinard , comme on l'appelle dans son nord de la France natale) de son verre de petite fille. Rétrospectivement, j'ai poursuivi une carrière dans le vin en grande partie pour rendre mon père fier.

Mon père a été diagnostiqué avec une forme rare et agressive de lymphome au plus fort de la pandémie, et il est décédé dans les 10 jours. J'étais, et je suis toujours, absolument bouleversée et en état de choc perpétuel. Mon chagrin est aggravé par l'état général du monde qui entoure la bulle qu'est ma nouvelle vie à la maison.

Dès le lendemain de sa mort, il me semblait naturel de prendre une bouteille de vin, et je l'ai fait généreusement pendant les premiers jours, en sirotant des verres qui me rappelaient le plus de lui. Tout en restant attentif à ma consommation et à mon bien-être, j'ai cherché confort et connexion dans le vin.

J'ai ouvert et savouré des bouteilles que je sais qu'il aurait été ravi de partager avec moi. J'ai utilisé la clé de vin que je lui avais offerte comme cadeau de Noël plusieurs mois auparavant. Il y avait encore ses empreintes digitales dessus.

Il y a quelque chose dans le traumatisme qui demande à être équilibré par un semblant de positivité ou de lueur d'espoir. Pour moi, cela s'est traduit par une démarche d'accréditation. J'avais depuis longtemps l'intention de remporter le prix Wine & Spirit Education Trust (WSET) Niveau 2 en vins, mais je n'en ai jamais eu le temps - c'est-à-dire avant que le monde ne ralentisse, de toute façon.

Au cours des cinq semaines suivantes, j'ai étudié, goûté et répété jusqu'à mon examen virtuel surveillé, au cours duquel j'ai ressenti la moindre touche sur mon dos en m'asseyant. Il m'a tellement donné dans sa vie physique et continue de le faire maintenant, sachant que je siroterai pour nous deux.