Dans Alsace , France , où les terres viticoles sont souvent transmises de génération en génération, un sens de l'intendance est palpable. Cela se traduit par des pratiques telles que la cueillette manuelle des pentes abruptes et l'agriculture biologique. Cela se voit également dans le nombre particulièrement élevé de domaines viticoles qui utilisent des pratiques biodynamiques dans le vignoble, la cave ou les deux.

La région représente 12,8% de la superficie viticole française certifiée biodynamique, même si l'Alsace représente moins de 5% de la superficie viticole du pays, soit environ 39 000 hectares. Parmi ses caves, 88 ont Certification Déméter , l'une des rares accréditations biodynamiques reconnues mondialement. Et à partir de 2021, 21 domaines viticoles sont certifiés par Biodivin , accordée uniquement aux fermes biodynamiques ou à celles qui s'engagent à se convertir.

Alors comment la biodynamie s'est-elle implantée dans la région ?

En 1924, alors que Rudolf Steiner développait le système d'agriculture biodynamique en L'Autriche , l'Alsace se replantait et se remettait de 50 ans d'occupation allemande, ainsi que phylloxéra . Il faudra environ un demi-siècle à la région pour obtenir le statut d'Appellation d'Origine Contrôlée (AOC) et commencer à mettre en œuvre des appellations Grand Cru pour certains de ses vignobles.

En d'autres termes, la biodynamie n'était pas au premier plan de l'esprit de la plupart des viticulteurs lorsque Steiner passait le mot.

Marie Zusslin, de Domaine Valentin Zusslin , représente le 13 ^e génération pour diriger le domaine viticole de sa famille. Elle raconte que son père s'est converti à la biodynamie en 1997, trois ans avant de passer les rênes à Zusslin et son frère. Après que son père ait participé à un atelier en 1996, il a immédiatement prévu de convertir toutes les parcelles à la fois.

« Le bio était trop facile », dit-elle, ce qui fait écho à un sentiment de Séverine Schlumberger, copropriétaire des Domaines Schlumberger, selon lequel la difficulté rend les choses meilleures.

Maxime Barmès, des Domaines Barmès-Buecher, dont la famille est propriétaire de ses vignes depuis les années 1600, raconte que son père s'est également converti à la biodynamie suite à une masterclass au milieu des années 1990.

Ni Zusslin ni Barmès ne se souviennent qui dirigeait les cours ni où ils se déroulaient.

Dans son livre Riesling redécouvert : gras, brillant et sec (Presses de l'Université de Californie, 2016) , l'auteur John Winthrop Haeger écrit : « En 1997, Jean-Pierre Dirler et Jean Dirler ont suivi un cours sur la viticulture biodynamique offert par le Centre de Formation Professionnelle et de Promotion Agricole (CFPPA). Le Domaine Dirler-Cadé se convertit en biodynamie l'année suivante et reçoit son Certification Déméter en 2001.

Ce CFPPA particulier se situe dans la commune alsacienne de Rouffach. Ces centres de formation pour adultes existent sur tout le territoire, dont un à Beaune et un autre en Gironde. On ne sait pas qui a enseigné les cours d'Alsace ou pourquoi ils se sont avérés si populaires. Mais avec le Goetheanum de Steiner, le centre mondial de la biodynamie, à un peu plus de 30 milles de Rouffach, il n'est pas difficile d'imaginer que les gens étaient curieux.

Dans les années 1990, il y avait un précédent pour la biodynamie en Alsace. Domaine Eugène Meyer converti en 1969 et a obtenu sa certification Demeter en 1980. Le changement de Meyer est survenu après avoir subi une paralysie du nerf optique après l'utilisation de pulvérisation conventionnelle dans les vignes. Un homéopathe lui a recommandé d'essayer plutôt l'agriculture biodynamique.

Il était suivi de près par Domaine Pierre Frick . Jean-Pierre Frick, le 12 ^e génération de sa famille à la tête du domaine, prend la relève en 1970. Il convertit le domaine en biodynamie en 1980, et il obtient la certification Demeter en 1981.

Bien que les raisons exactes pour lesquelles les vignerons ont suivi ces cours ne soient peut-être pas connues, ce qui est clair, c'est que quelque chose au cours des années 1990 a poussé plusieurs producteurs à se convertir à la biodynamie. Domaine Mittnacht Frères convertie en 1999, elle a reçu sa certification Demeter en 2013. Fête de Pâques du domaine est certifié en 2004. Jean-Baptiste Adam a commencé à se convertir à la fin des années 1990.

D'innombrables autres peuvent adopter certaines ou toutes les pratiques biodynamiques sans poursuivre la certification. Mélanie Pfister, de Domaine Mélanie Pfister , tombe dans ce camp. La certification coûte cher, dit-elle, et bien qu'elle puisse éventuellement le faire, ce n'est pas une priorité pour le moment.

Quelle est la différence entre le vin bio et le vin biodynamique ?

Beaucoup disent que lorsque les raisins doivent être cueillis, ils doivent être cueillis, même si le jour spécifique n'est pas idéal dans le calendrier biodynamique. D'autres sautent l'étape d'enterrer une corne de taureau remplie de fumier, mais adhèrent assez étroitement à la plupart des autres directives biodynamiques.

Ici, les vignobles sont souvent petits et partagent des coteaux les uns avec les autres. Il est possible que la pression des pairs soit également un facteur. Arthur Ostertag, du Domaine Ostertag, pratique l'agriculture biologique et biodynamique. Il dit que c'est une préoccupation lorsque les vignobles voisins pulvérisent des traitements conventionnels, mais il n'en fait pas tout un plat.

En grande partie, cependant, le passage à la biodynamie semble un prolongement de la fierté des producteurs pour leur terroir vierge et un désir de le maintenir aussi longtemps qu'ils le peuvent face à la crise climatique.

Cultures de couverture entre les rangées, par exemple, fourrage biome du sol et offrent une certaine protection contre l'érosion. Il offre également une nuance botanique aux vins. La philosophie ici est de prendre soin de la terre et de la laisser parler à travers les vins. La biodynamie n'est qu'un outil parmi d'autres pour y parvenir.